Langage poétique

Spécialisée dans la conception, la production et la réalisation des décors pour le spectacle vivant, je m’oriente vers des collaborations où l’humain, la confiance, la rencontre artistique et intellectuelle sont au coeur des projets.

Ma pratique est motivée par les créations en lien étroit avec tous les concepteur.ice.s : directeur.ice.s artistiques, metteur.euse.s en scène, éclairagistes, interprètes, compositeur.ice.s, créateur.ice.s sons et costumes… dans tous les cas, je tiens aux projets qui font sens, dont l’engagement va venir questionner notre rapport au monde.

Mon activité de scénographe concerne principalement le théâtre, l’art lyrique et le spectacle musical, mais une solide expérience dans la scénographie d’exposition et quelques incursions dans le décor de cinéma ponctuent aussi mon parcours.

Ainsi depuis 2008, j’accompagne des artistes dans les aventures de compagnies, et certaines belles collaborations artistiques se développent depuis 15 ans dans une fidélité et une excitation renouvelées à chaque projet. Avec le temps, une ligne artistique propre à chaque compagnie se révèle, et se déploie de projet en projet. La proximité et la confiance acquises durant ces fidèles collaborations permettent le développement en puissance des idées et des propos. Car j’envisage mon accompagnement comme la mise en forme d’une pensée. Etant déplacée à chaque rencontre, invitée à me mettre en mouvement vers une altérité, je grandis à chaque fois et renouvelle mon langage visuel en partageant cette intimité à grande échelle.

maquette pour le Theatrum Mundi cie La Boulangerie

Sculpture scénique

L'Empreinte du geste cie Les Dormeurs Téméraires
montage Les Précieuses ridicules cie La Boulangerie

Différents schémas de création s’inventent en fonction des spécificités du projet qu’elles soient artistiques (travail au plateau, performance…) ou technique (calendrier de production, lieu de création…). Les adaptations in situ m’intéressent aussi beaucoup, dans l’idée de tirer parti d’un lieu concret et le faire résonner avec les enjeux et besoins de l’espace fictif que l’on construit.

Concrètement, les différentes phases de travail nécessaires à la conception et à la réalisation d’un espace de représentation s’articulent autour de périodes d’échanges, d’émulations plus ou moins collectives et de recherche plus solitaire à l’atelier où je creuse et affine, gratte et développe… Les grandes phases de travail peuvent se résumer ainsi, chaque création ayant sa géométrie propre :

  • Premiers échanges fondateurs où la direction dramaturgique est posée, le rôle de l’espace défini, où le dialogue avec les autres concepteur.ice.s s’installe, pour déterminer le type de collaboration à venir.
  • Phase de recherches large (lectures, visionnages, expositions, documents, iconographie…) puis d’esquisses et de pré-maquette 3D en carton ou virtuelle
  • Première phase de  répétitions, confrontation des premières idées avec le plateau, tests avec des leurres, collaboration avec la lumière, les costumes, la musique pour orienter les choix artistiques et techniques
  • Choix et précision du projet: dessins, maquette finale, étude technique et chiffrage. Validation des échantillons par le.a créateur.ice lumière.
  • Mise en place du planning de réalisation, recrutement des collaborateur.ice.s: constructeur.ice.s… validation des devis et commandes. Réalisation des plans
  • Mise en oeuvre, construction, peinture
  • Montage, réalisation des accessoires

Alignement des planètes

Aujourd’hui je questionne ma pratique pour y trouver plus de cohérence liée aux limites des ressources et à notre lien au vivant, à la fois dans l’orientation même des créations et dans leur mise en oeuvre.

La réflexion se porte bien en amont des projets sur l’écologie dans les processus: dans le respect et la valorisation du temps de travail, et par le fait de privilégier la rencontre artistique, où l’efficacité dans la production vient en second. Les calendriers de production sont à interroger dans un objectif de réduction d’impact, afin de prendre en compte les besoins liés à des pratiques d’éco-conception et/ou de ré-emploi (coût réduit en achat de matière mais valorisation du temps réel de conception et de recherche -plus long- de matériaux et leur transformation par exemple).

Un des avantages de développer les esthétiques sur plusieurs projets avec une même compagnie ou un.e même artiste permet, dans une démarche d’éco-conception, d’envisager le réemploi de matériel, d’éléments déjà présents dans le stock, pour limiter les achats de neuf et le stock dormant. J’envisage les possibilités de transformation des éléments (éléments textiles par exemple: recouper des rideaux, reprendre des toiles peintes ou imprimées / éléments construits en bois et métal, transformation de mobilier…) avant les achats et si ceux-ci sont nécessaires, il s’agit de sourcer les matériaux en limitant leur impact: recyclage, ré-emploi, matériaux naturels tant que possible. Tout cela en lien avec avec les ressourceries et sites de réemploi.

J’ai la chance d’avoir un atelier à demeure qui permet de travailler localement, avec la collaborations de constructeur.ice.s, peintres ou accessoiristes si besoin, et ainsi d’engager le processus de réalisation dans une continuité avec la conception. 

maquette opéra Falstaff cie La Boulangerie
projet pour La Belle Hélène